Très beau texte paru dans le petit journal qui retrace assez bien l’ambiance de Phnom Penh ……. !
Après les formalités d’usage, les portes de l’aéroport s’ouvrent. Il fait plus de 28°C, tout le monde est bronzé, parle Khmer et a les yeux bridés. Je gare mon chariot près des taxis, retire mon manteau, allume une cigarette. C’est un vrai choc émotionnel. Il y a un an, je quittais le Cambodge.
Klaxons, odeurs de gasoil, de poisson, sable, trafic torrentiel, chaleur, humidité, visages marqués par le soleil, pauvreté extrême, luxe grossier, vendeurs de rue, publicités agressives. Je suis dans le taxi, je retrouve mes repères.
Un fois les bagages posés, les yeux vers le plafond, je regarde le ventilateur tourner. J’ai besoin d’une douche puis de regarder cette faune qui m’a tant manqué. J’enfile juste une chemise, oui, celle qui se porte sans pull et sans écharpe.
J’ai un sentiment de liberté retrouvée en laissant les deux boutons de mon col ouvert. Je me regarde dans le miroir, tout excité comme un enfant qui sait qu’il va recevoir un jouet. Je tremble presque. Le Cambodge, j’en parlais tous les jours à Paris, mais après 14h de vol, je n’en reviens toujours pas, je suis à Phnom Penh.
Phnom Penh a commencé sa journée sans moi. De ma fenêtre, je remarque quelques changements : voies à sens unique, restaurants, magasins, passages piétons. Je tapote machinalement sur un téléphone qui ne comprend plus ce qu’on lui demande. Lui aussi est un peu perdu en ces premières heures cambodgiennes. Par où commencer ?
C’est la superette dans laquelle j’avais mes habitudes qui fera la première actualité de ma journée. « You need moto sir ? », « Tuktuk ? ». Les voitures me frôlent.
Les trottoirs sont toujours bondés de petits commerces et de véhicules mal garés. Tout ce quotidien asiatique revient d’un coup, une énorme gifle. Quel plaisir de marcher dans ce beau foutoir.
Certains sont assis sur le sol, les enfants jouent dans le caniveau, ça parle d’argent, du voisin d’en face, des Vietnamiens, de la boutique de téléphone qui vient d’ouvrir et bien entendu, du blanc qui est de retour dans le quartier. Le blanc, c’est moi. Je retrouve ces têtes que j’avais oubliées. Et c’est à coup de grands sourires que les chauffeurs de moto-taxis me saluent.
Finalement, le plus dur en arrivant ici, après un an d’absence, c’est de se dire que l’on a osé quitter son paradis.
En ces premiers jours sous un soleil de plomb et d’odeurs sèches, je peine un peu à retrouver patience, tolérance et calme, ces qualités nécessaires à un bon séjour dans un pays pauvre. Mais cela ne devrait pas trop durer. Phnom Penh, here I come.
Photos de Franck et texte du LePetitJournal.com